En 2005, cela fera dix ans que ce groupe atypique aura vu le jour. En effet, depuis 1995, le groupe a brillamment réussi à retranscrire l’atmosphère à la fois inquiétante et mystérieuse de la Transylvanie. Noz Pagan fait le point avec Negru sur la carrière du groupe.

C’est quelque chose qui est venu tout naturellement. On était dans un état d’esprit propice à former un groupe. C’était aussi une bonne époque avec cette énergie qui fait que les choses vont vite. Je pense aussi qu’on a eu la chance d’être là au bon endroit, au bon moment. Plus tard on a réalisé que les choses arrivaient rarement par hasard et que malgré tout on prenait ça au sérieux afin de continuer ce que ‘on à faire.
PEUX-TU EXPLIQUER TA PROPRE HISTOIRE DE METALLEUR, TA PASSION POUR CE STYLE ?
Encore une fois, cette attirance pour la scène Metal est venue naturellement. On a commencé à écouter du Metal après la chute du régime communiste en 1989, lorsque pas mal de choses ont commencé à bouger ici. Il y eu à l’époque un boom au niveau du rock et du Metal qui est arrivé simultanément avec ce vent de liberté, cette liberté qu’on avait perdue durant trop d’années. Il y a eu alors pas mal de groupes, de magazines, de cassettes et de cd’s qui ont commencé à être mis en vente par ici. Mais après quelques années, les choses ont commencé à changer et aujourd’hui, on peut dire que la scène est plutôt modeste. En ce qui nous concerne, je pense qu’on est pas le genre de personnes à changer avec les modes et après avoir était en relation avec le Metal, on a trouvé dans le Black tout ce qu’on avait besoin. On a toujours su également que si on ne faisait qu’écouter de la musique, on ne ressentirait jamais la même chose que si on jouait dans un groupe. Et c’est ce qu’on a fait ! Dans un sens, on se sent plus concernés. Je pense aussi qu’on fait partie des gens qui réfléchissent avant d’agir, qui aiment aller de l’avant, évoluer. Tous nos efforts sont visibles maintenant à travers Negura Bunget.
CA POURRAIT ETRE INTERESSANTE D’AVOIR TON COMMENTAIRE SUR LES REALISATIONS DU GROUPE…
From the Transylvanian Forest : Ce qu’il me semble le plus important à préciser c’est que nous avions enregistré ces six compos en à peu près 9 heures (instrument par instrument). Je trouve cela incroyable ! Spécialement parce que le résultat était très bon (Parfois bien meilleur que ce qu’on a fait par après, du moins à certains égards). C’était notre première démo mais aussi la première fois qu’on entrait dans un studio et vu comme ça, je pense que c’était une très bonne demo. Elle est sortie alors que le groupe s’appelait encore WICCAN REDE. Tu peux aussi sentir la différence entre WICCAN REDE et NEGURA BUNGET. On n’a pas uniquement changé de nom comme ça. Cela s’inscrivait surtout dans le cadre d’une évolution au point de vue du concept.
Zirnidu-sa : Cette première réalisation sous le nom de NEGURA BUNGET avait quelque chose d’enthousiasmant, comparable à une explosion d’énergie (sic). Une énergie spéciale nous a aidée à créer cet album et malgré le fait que nous étions un jeune groupe, je pense que nous avons bien exploité le contexte positif qui nous entourait à cette époque. Ca venait de manière naturelle. C’est un album où l’on retrouve les bases de ce que deviendra le groupe par après. Bien qu’à la base ce n’était pas un album lié à un quelconque concept, tu peux retrouver pas mal de thèmes que l’on exploite à l’heure actuelle.
Sala Molksa : On voit en premier lieu ce cd comme une transition entre deux albums. Mais pour finir, on se rend compte que c’est bien plus que cela. Le concept lié au titre, comme bien d’autres de nos paroles, traitent d’une des plus hautes valeurs spirituelles de nos ancêtres les Daces : l’immortalité. [Les Daces avaient atteint un très haut niveau de civilisation quand les Romains apprirent leur existence. Ils croyaient en l’immortalité de l’âme, et considéraient la mort à peu près comme un changement de pays. Leur grand prêtre occupait une position éminente en tant que représentant du dieu suprême, Zamolxis, sur Terre ; il était le conseiller en chef du roi. En plus de Zalmoxis, les Daces vénéraient plusieurs dieux, comme Gebeleizis et Bendis.]Musicalement parlant, l’élément le plus important résulte de la venue au sein du groupe d’un troisième membre. L’utilisation de deux guitares différentes a créé une grosse différence.
Maiastru Sfetnic : C’est un album pour lequel on a bossé pendant trois ans. Presque la moitié avait déjà été créée bien avant la réalisation de Sala Molksa. La suite a été créée deux ans après…La production de cet album aura été le fait marquant et bien que cela ait créé une certaine atmosphère en dehors de l’album, cela a anéanti toutes les bonnes intentions que l’on avait cherché à incorporer. Produire cet album a été un vrai cauchemar ! A part ça, c’est un album très conceptuel, qui a pour objet notre vision du Black Metal et comment les bases de celui-ci devraient être : tant dans ses relations avec la nature qu’au point de vue spirituel et social. Tous les aspects de cet univers sont représentés à travers l’évolution d’un personnage, un potentiel leader à l’échelle mondiale tandis que son évolution est symboliquement représentée à travers toutes les compos de cet album, de sa naissance jusqu’à sa mort.
N'crugu Bradului : On perçoit ce dernier album comme celui qui aura été le plus influencé par la Roumanie. Conceptuellement, musicalement mais aussi du point de vue des textes, cet album à pour finalité de donner un aperçu plus ou moins complet de la spiritualité et des traditions locales. On le voit comme une initiation aux mystères de la Transylvanie. La portée de cette initiation peut se ressentir après ou pendant l’écoute de cet album.
The 3CD Box-set : Premièrement, ce box était nécessaire car nos anciens cd’s étaient sold-out depuis quelques années déjà et de plus en plus de gens nous adressaient des demandes. Mais encore une fois, on ne voulait pas simplement les rééditer comme ça. On a alors eu l’idée de les ressortir ensemble. On a refait complètement le layout des cd’s (Note : la même pochette pour les trois cd’s mais coupée en trois, comme un puzzle). On a remixé nous-mêmes Sala Molksa, et on y a rajouté, pour la première fois sur cd, notre demo From the Transylvanian forest. Au final, je pense que le résultat est bon et nous pouvons en être fiers.
je n’irais pas jusqu’à affirmer que c’est terminé. Ce n’est pas comme si nous avions grandi et que l’on voyait désormais cela comme de la gaminerie. Ce n’est absolument pas ça ! On a toujours vu ça comme une espèce de rituel, avec un but et une symbolique propre, quelque chose qui va bien au-delà de l’artifice de scène.
POUR LA COMPILATION “BETTER UNDEAD THAN ALIVE”, TU AS COMPOSE LA CHANSON “VAZDUH”, QUI A EGALEMENT FAIT L'OBJET D’UN CLIP VIDEO. PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR CETTE MAGNIFIQUE REALISATION ?
On a quasiment fait tout le clip par nos propres moyens. On avait le scénario et il a fallu trouver les lieux adéquats. On s’est même occupés des images ! Je retiens que c’était une expérience super de se balader à travers tous ces endroits* (les monts Apuseni et Retezat) afin de rechercher les paysages nécessaires à la vidéo. [En 1935, a été créé le premier parc national de Roumanie, celui de Retezat ! Le massif s'étale entre 794m et le sommet du Mont Peleaga à 2509 m. La superficie du massif est de 38047 hectares et renferme une flore et une faune particulièrement riche]
ON A L’IMPRESSION QUE NEGURA BUNGET C’EST BIEN PLUS QUE DE LA MUSIQUE, AVEC UNE IDEOLOGIE PROPRE OU LA NATURE OCCUPE UNE PLACE PREPONDERANTE…
C’est vrai, on a toujours été proches de la nature. Je suppose qu’on doit avoir certaines choses en commun avec les païens ou les néo-païens, mais je ne pense pas que cela nécessite une définition précise de qui nous sommes. Nous ne ressentons pas le besoin de clamer haut et fort qui nous sommes ou ce que nous faisons à travers une définition bien spécifique. On n’a pas envie d’utiliser un mot spécial juste pour nous rendre plus intéressant. Pour nous c’est important de suivre notre voie avec sagesse en faisant ce que nous pensons être bon pour nous, tout en évoluant avec le temps qui passe.
AU COURS D’UN FESTIVAL EN TCHEQUIE, VOUS AVEZ REPRIS LA CELEBRE COMPO “BLASHYRK” D’IMMORTAL EN COMPAGNIE D’AKHENATEN DE JUDAS ISCARIOT. ETAIT-CE IMPROVISE ?
En fait il y a toute une histoire à propos de cette chanson hehe. Akhenaten est venu nous rendre visite en Roumanie il y a quelques temps déjà et on a joué ensemble dans notre local de répétition. Donc il connaissait un peu quelques-unes de nos compos. Par la suite on l’a rencontré au « Open Hell Festival » et on s’est mis d’accord pour faire un bœuf sur scène. On lui avait dit qu’on jouerait « Blashyrk », mais lui a compris qu’on parlait de « Blaznit » qui est en fait la première compo de notre premier album hehe. Alors il s’est pointé sur scène… en pensant réellement qu’on allait jouer cette chanson. Je suppose que le déclic s’est produit dans sa tête quand on a commencé à jouer… Ensuite il nous a évidemment suivi. Au final je retiendrai que c’était une expérience plutôt enrichissante.
COMMENT AS-TU EU L’IDEE DE CREER UN MAGAZINE ? PEUX-TU PARLER DE L’HISTOIRE DU NEGURA MAGAZINE ?

EST-CE QUE TU PENSES AVOIR CREE UN STYLE VRAIMENT A PART ? LE TRANSYLVANIAN BLACK METAL ?
Je ne pense pas qu’on puisse considérer ça comme un style mais plutôt comme un approche idéologique. Mais comme l’idéologie influence directement la musique, je pense qu’on quand même une certaine marque de fabrique héhé. On fait vraiment de notre mieux afin de promouvoir cette spiritualité qui est propre à la Transylvanie, tant c’est riche et fascinant.
QU’EST-CE QUE TU ECOUTES EN CE MOMENT ET QUELS SONT TES ALBUMS FAVORIS ? DANS LE MEME ORDRE D’IDEE, QUELLE EST LA COMPO DE TON GROUPE QUE TU APPRÉCIES LE PLUS ?
Actuellement j’écoute les bandes originales propres à la trilogie du Seigneur des Anneaux, Peccatum « lost in rêverie », le tribute à DEAD CAN DANCE, et bien sûr plein de trucs que je dois chroniquer pour le Negura Magazine. Mon « all star face » (sic) comprend : EMPEROR « In the nightside Eclipse » ; IMMORTAL « Battles in the North »- BURZUM « Hviss Lysset Tar Oss » ; SATYRICON « Nemesis Divina » ; ENSLAVED « Eld ». Comme tu peux le constater, rien que des classiques. Concernant nos compos, je pense que ma préférée est « II » de « N’Crugu Bradului », surtout à partir du milieu de la compo car on y retrouve nos influences roumaines les plus importantes. J’aime aussi « Vazduh », avec tout ce qui gravite autour (mais c’est mon point de vue bien sûr).
A TOI DE CREER UNE QUESTION ET D’Y REPONDRE : « Que signifie le terme ZSALAMOLKXISA que j’utilise habituellement pour dire au revoir… » ?

UN GRAND MERCI POUR TA DISPONIBILITE NEGRU…
Merci aussi pour le soutien ! Puisse le ZSALAMOLKXISA guider votre chemin ! (Interview publiée dans le magazine papier Noz Pagan 3)
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