Né au royaume de la Perfide Albion, signé chez Profound Lore Records, nanti d’une très belle pochette pour habiller son premier essai et surtout formé par des membres du cultissime Atavist, Winterfylleth possède déjà, en dépit de sa naissance récente (en 2007), une bourse déjà pleine d’atouts.
Glorifiant l’histoire et le paganisme, le groupe érige un black metal païen et épique, certes mélodique mais avec cette âpreté, cette sécheresse minérale qu’il doit beaucoup à son origine géographique. S’il arbore fièrement une violence épidermique et intense, comme en témoigne "am Tor (The Shivering Mountain)" saillie brutale en guise d’entame, c’est bien quand il se lance dans des épopées pleines de majesté au tempo obsédant qu’il se montre le plus conquérant. Ainsi, comment résister au grandiose "Brithnoth : The Battle Of Maldon (991 AD)", que précède un instrumental d’une sobriété absolue et beau comme un chat qui dort ? Long de plus de sept minutes, irrigué par des guitares abrasives, ce titre est parcouru par un souffle épique envoûtant qui le propluse vers des sommets peu atteints depuis le Twilight Of The Gods de Bathory, ce que confirme le recours à des chœurs valeureux employés avec beaucoup de parcimonie.
Winterfylleth libère avec largesse des riffs entêtants qui grésillent et agissent comme une vigie dans cette plongée dans un passé tumultueux au profond goût de fer et de sang, à l’image du puissant "Forging The Iron Of England". Son black est implacable, rongé par une noirceur souterraine ("The Ghost Of Heritage"), qui sait ouvrir de courts espaces morts pendant lesquels les musiciens tricottent des instants fiévreux ("Casting The Runes" par exemple).
Mais surtout, contrairement à tous ces drakkars entiers de vikings du dimanche qui croient qu’il suffit de se laisser pousser quelques poils sur la gueule et de porter fièrement le marteau de Thor pour se prendre pour la plus grande invention depuis Bathory, les Anglais possède cette noblesse (le mélancolique "Guardian Of The Herd" le montre bien , cette justesse de ton et cette sincérité qui les distinguent du tout venant du pagan black metal aujourd’hui un peu trop à la mode comme ils savent toujours aller à l’essentiel sans se prendre les pieds dans leurs sandales de plage. Sans faire dans le pompeux de bas étage, le groupe parvient à faire revivre les atmosphères propres au Moyen Age, sorte de bande-son réussie du film Le roi Arthur.
Plus proche donc de Forefather que de Cradle Of Filth, Winterfylleth se fait le porte étendard de valeurs ancestrales, il rend hommage à tous ceux qui se sont battus pour elles et pour préserver l’héritage du passé et par là-même il contribue à lui tout seul à (re)dorer le blason de l’Art Noir britannique. Mais cela, au regard des crédits honorables mentionnés dans le livret (Primordial, Lyrinx, Negura Bunget…), on s’en doutait déjà. (Childeric Thor - Noz Pagan)
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