LEMURIA - Interview (Mars 2005)

Comment ne pas faire une interview avec ce groupe ? Charmants, talentueux, fêtards, de bons Belges qui à travers leur art nous font revivre à la manière des groupes folk/Metal actuels, une partie de l’histoire de leur pays, en l’occurrence ici le nord de la Belgique.

Ma première question sera un grand classique : pourrais-tu nous raconter les origines du groupe, un petit cours d’histoire pour les lecteurs qui pourraient ne pas vous connaître ?

Haha, la quintessence des questions d’ouverture d’interview. Voyons, pour résumer, « Spinal Chill » fût formé en 1999 par Jens, Vincent, Bart et son frère Johan au chant. 1 an et demi plus tard, un second guitariste fût ajouté au line up et en 2001 j’ai remplacé Johan. A partir de ce moment, le groupe devint LEMURIA. En avril 2002, nous avons enregistré « The Vault Of The Witness » et le mois de novembre suivant, nous avons donné notre premier concert avec Siegfried, notre claviériste fraîchement recruté qui a également toujours été notre webmaster. C’est à peu de chose près le début du groupe LEMURIA tel qu’on le connaît aujourd’hui. En 2003, Pascal remplaçait notre guitariste et voilà ! Assez court pour toi ?

Ok ahah. Ce que je peux dire en écoutant votre musique, c’est que vous avez un côté Bal-Sagoth additionné d’ingrédients folks … Es-tu d’accord avec cette impression ?

Et bien, je dois dire que je pourrais sans doute être plus d’accord avec toi si je connaissais un peu mieux BAL-SAGOTH. Tout ce que je peux dire dans ces conditions, en comparant notre son au peu que j’ai pu entendre d’eux, nous sommes moins épiques que ce qu’ils font. On pourrait dire que certains passages, dans « Verdoemenis » par exemple, ont une certaine ressemblance avec du BAL-SAGOTH, mais en général, nous avons un feeling plus terre-à-terre. Je pense également que leur concept est beaucoup plus élaboré que le nôtre, mais une fois encore, ce n’est que notre second opus … C’est très logique de trouver des références à d’autres groupes dans notre musique, tout simplement parce que la scène folk est assez restreinte, en tout cas en comparaison des autres grands courants du Metal.

A part ce côté BAL-SAGOTH, le premier morceau m’a fait penser à ANCIENT RITES … En effet, vous parlez de la même période de l’histoire … Où trouvez-vous votre inspiration ? Quel est le processus de création derrière un tel album ?

Comme toujours, nous commençons par la musique. Après « The Vault … », nous avons immédiatement commencé à travailler sur de nouveaux morceaux. Et au moment où nous avons terminé « Mournful Beauty » et « As I Die », un des membres du groupe (Jens ou Vincent, je ne me souviens pas exactement) a proposé l’idée d’un concept-CD. Ca se déroulerait au Moyen-âge, ce qui convient parfaitement à notre atmosphère musicale. Nous touchons tous de près ou de loin au folk : certains d’entre nous assistent occasionnellement à des concerts folk et jouent des instruments folk. Pour ce qui concerne les paroles, elles n’ont pas été changées et les 4 autres morceaux ont été écrits de manière à coller au concept, mais aussi pouvoir être vues comme des pistes indépendantes (au niveau paroles). Comme la musique était toujours terminée à l’avance, j’écoutais les morceaux terminés avant d’écrire les paroles, car j’ai tendance à écrire ce qui me passe par la tête quand j’entends la musique. Quand il y a des blast beast agressifs, ils seront accompagnés de paroles sur la guerre et les batailles. Quand il y a un intermède plus calme, tout le monde se repose … Et bien sûr, il y a les instrus sur l’album, tel que le prologue. Comme je l’ai déjà dit, nous essayons de créer une certaine atmosphère avec notre musique (et les paroles). C’est pourquoi le mieux est d’écouter le CD avec le livret en main, pour lire l’histoire qui se rapporte à la musique. L’introduction est sensée vous faire remonter le temps jusqu’au moment du début de

l’histoire. Cette intro incorpore la plupart des thèmes et elle est supposée dresser un portrait général de l’ambiance du CD.

Votre style et votre technique ont fortement évolué depuis votre dernière demo … J’ai dit précédemment que vous aviez un côté BAL-SAGOTH et peut-être un côté ANCIENT RITES également. Mais à mon avis, vous avez une réelle « Lemuria’s touch » ! Est-ce que tous les membres du groupes ont la même vision des choses concernant l’orientation musicale que vous avez choisie ?

A propos de cette « Lemuria’s touch », comme tu l’appelles, je crois que chaque groupe qui fait son truc a sa propre touche. Bien sûr, tu peux dire que Bal-Sagoth et Ancient Rites ont une large place dans nos influences, au même titre que Finntroll, Moonsorrow et Thyrfing, mais il est important de ne pas perdre de vue ce que toi tu veux faire. Nous avons tous le même point de vue dans le sens où nous n’aimons pas penser que nous sommes restreints à un seul genre particulier. Plus nous avons d’inputs, mieux c’est. Je pense que ça a aussi à voir avec les différents backgrounds des membres du groupe. Certains d’entre nous n’avaient jamais touché un instrument avant la naissance du groupe, tandis que d’autres (comme moi-même) ont eu une formation académique à orientation musicale. Pour le moment, notre claviériste et notre batteur étudient à Gand pour devenir producteurs, les autres jouent chez eux … Aussi, le fait que certains d’entre nous sachent jouer de plusieurs instruments peut mettre les choses dans une autre perspective, je pense.

Il semble que vous aimez jouer en live, vu le nombre de concerts que vous prévoyez. Qu’aimez vous en particulier dans le fait de jouer sur scène ?

Il y a quelques raisons qui font qu’on aime jouer en live. Une des plus importante est la montée d’adrénaline ! Tu as la chance de pouvoir montrer au monde de quoi tu es fait, sans te cacher derrière la sécurité du studio. Les groupes sont jugés selon de nombreux critères, et si tu n’a pas un label qui te pousse, qui t’aide pour la distribution, la promo et le financement d’un CD, les concerts sont le seul moyen d’apporter ton truc au public comme tu veux qu’il le soit. De plus, quoi de plus satisfaisant pour un métalleux en scène que de voir une pièce pleine de tête s’agitant ?

L’artwork pour votre album est vraiment chouette … Comment est née votre collaboration avec Kris Verwimp ? Etait-ce facile de collaborer avec un artiste aussi formidable ?

En fait, certains épisodes de l’histoire racontant comment cette collaboration s’est mise en place sont un peu embarrassants, donc je vais passer. Il suffit de dire que nous étions exaltés quand nous avons appris que le célèbre Kris Verwimp voulait faire la couverture du CD. Nous lui avons envoyé l’histoire pour qu’il s’en inspire et il a réalisé cette magnifique peinture ! Grâce à l’utilisation de plusieurs couleurs lumineuses, ça a une touche originale. Cette peinture a fait partie de l’exposition qui a eu lieu à Anvers durant les derniers mois d’hiver et nous étions très fiers de la voir exposée aux côtés d’artworks pour des groupes comme THYRFING, ABSU, IMMORTAL et MARDUK. Il n’y a eu aucun problème d’aucune sorte (à part l’incident du début). Donc, pour répondre à ta question, oui c’était simple.

En fait, vous n’avez pas de label … Mais « Tales, Ale and Fire » est très pro dans sa réalisation (couverture, booklet, …). En fait, ce n’est pas une démo mais un véritable album !!!! Etait-ce simple de faire cela ?

Simple d’une certaine manière : si tu veux faire quelque chose, tu dois le faire bien. Comme je l’ai déjà dit, on aime faire notre propre truc et nous voulions montrer au monde qu’on s’était retroussé les manches. Alors, nous voulions faire du mieux qu’on pouvait avec les ressources dont nous disposions à ce moment. Nous avions déjà l’idée de faire un concept-album, notre batteur avait bossé sur une trame basée sur des faits historiques (et laisse moi te dire que ce n’est PAS facile !) et nous avions en tête un produit fini dont nous pourrions être fiers. Quand nous sommes allés pour la première fois au Midas Studios, nous avons fait écouter à Tony quelques CDs que nous avions amenés, comme point de départ, donc nous avons alloués suffisamment de fonds pour atteindre la production pour nous amener au niveau que nous cherchions. A ce moment, je dois dire que la qualité de l’enregistrement a dépassé mes espérances, mais encore une fois, qui suis-je ? Et quand nous avons appris que Kris Verwimp voulait faire notre couverture, nous avons décidés de faire un booklet de 16 pages complètes, le reste du design du booklet étant réalisé par notre guitariste, Pascal. Il a fait un excellent travail, comme tu peux constater en regardant le résultat. Pour parachever le tout, le booklet et le CD ont été imprimés par une entreprise professionnelle. Donc, si on regarde le long processus d’enregistrement et de mixage, la conception du booklet et tout le reste, on peut dire que c’était un rude travail, mais qui a certainement porté ses fruits.

A part nous apporter un tel chef d’oeuvre (autant utiliser le bon terme), je suppose que vous avez tous une vie … Qui sont les membres de Lemuria ?

Nous sommes tous étudiants, âgés de 19 à 22 ans, vivant dans la province d’Anvers. Je dis province, car 4 des membres viennent des faubourg d’Anvers (Schoten, Borsbeek, Deurne et Merksem), tandis que Pascal et moi habitons dans la région de Malines. Siegfried et Vincent étudient tous les deux pour devenir producteurs à Gand, Jens, notre guitariste, étudie à Anvers et les autres sont aux cours à Malines. Bart est dans une école d’agriculture et Pascal et moi étudions pour être profs dans le secondaire (j’ai presque fini, je serai prof d’anglais, de néerlandais et d’informatique, haha).

Il est maintenant temps de clôturer cette interview. Merci pour le temps que tu as passé à répondre à mes questions. A toi le mot de la fin …

Merci beaucoup à toute l’équipe de Noz Pagan, nous apprécions le support venant de tout le pays ! Je suis impatient de faire notre premier concert en Wallonie … D’ici là, restez Metal et levez vos verres : c’est l’heure de boire !