samedi 4 décembre 2004

DARKESTRAH - Interview décembre 2004


Si vous aviez lu notre numéro précédent, vous étiez certainement au courant qu’une région aussi mystérieuse et reculée que le Kirghizstan avait pu engendrer un groupe de Black Metal. Si en plus ce groupe se distingue par une musique originale aux fortes influences locales, ça donne DARKESTRAH, un groupe encore méconnu qu’on a l’honneur de vous présenter. Asbath et Kriegtalith ont la parole. 

DARKESTRAH ?
Asbath : Le groupe a été créé par moi-même en 1999. Cela peut te sembler étrange qu’un batteur qui ne joue pas à la guitare puisse créer un groupe… mais c’est le cas ! J’ai d’abord joué dans plusieurs groupes locaux mais je ne m’acclimatais pas au style. La plupart jouaient du Death Metal et j’avais envie d’autre chose. Je recherchais quelque chose de plus mystique, de plus intéressant, ce que l’on trouve dans le Black Metal. Sans perdre de temps, j’ai parlé de mon projet à Oldhan et il m’a rejoint. Je le connaissais depuis quelques temps déjà car on avait notamment joué ensemble dans un groupe de Death. Deux mois plus tard, Tartar nous rejoignait aussi. C’est un joueur de guitare plutôt doué techniquement. Et donc, ces trois âmes ont pris le nom de DARKESTRAH.

MEMBRES DU GROUPE ?
A : Notre première demo « Pagan Black Act » a été enregistrée avec les membres susmentionnés, sans oublier notre chanteuse de session Kriegtalith, qui s’est occupée des vocaux. En l’an 2000, Anastasia nous a rejoint comme claviériste. La seconde demo, « through the ashes of shamanic flames » fut enregistrée la même année. En 2003, pour l’enregistrement de notre premier album, Sary Oy, on a encore invité Kriegtalith car elle te sort des vocaux exceptionnels et aujourd’hui, c’est un membre permanent du groupe. 

KIRGHIZSTAN ?
Kriegtalith : le Kirghizstan est un petit pays de l’Asie centrale. C’est un ex-état de l’union soviétique, qui a pour frontières la Chine, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Bishek en est la capitale. Elle se trouve à 3000 mètres d’altitude et est très connue de par son paysage montagneux et enneigé. On trouve également le lac Issyk-Kul, unique en son genre, qui a pour particularité d’être salé et de ne jamais geler en hiver. En Kirghiz, Issyk-Kul signifie « eau chaude ». De plus, ce site est particulièrement entouré de légendes et de mystères, notamment celui d’une ville d’une ville engloutie dans les profondeurs de ce lac. Il y a deux langues nationales : le russe et le kirghiz. DARKESTRAH est né au Kirghizstan mais on n’est pas kirghiz, car dans nos veines coule le sang européen. Nous précisons également que nous rejetons toutes affiliations avec la scène russe.

SARY OY ?
Sary oy est le nom qu’a attribué Oldhan à notre premier album. Ce mcd est sorti sur le label KvN Sadistic et a été distribué par No Colours. Sary Oy est en fait une vallée du Kirghizstan. On retrouve pas mal de légendes à propos de cette vallée, notamment à travers l’histoire de nos ancêtres. Cette énigmatique vallée est couverte de fossiles avec des dessins d’animaux, d’arbres, de soleils et d’étoiles, ce qu’on a d’ailleurs chercher à exprimer à travers nos compos. Sary Oy est en fait une longue et unique compo, mais elle est divisée en trois parties : 
Part 1 – Sary Oy, part 2 Jashil oy, part 3 – Kyzil oy. Jashil et Kyzil oy sont des vallées que tu dois traverser avant d’entrer dans l’univers de Sary Oy. C’est un album conceptuel de Pagan Black Metal avec des parties plus mélodiques à la guitare, un synthé bien mis en valeur, l’addition d’instruments folkloriques et un chant guttural. Tu peux aussi entendre l’influence de la musique classique. Si quelqu’un n’a pas encore entendu notre art, il serait temps de le faire et de ressentir ce « souffle païen ».

FOLK ?
K : Le concept musical rend clairement hommage au folklore du Kirghizstan. Je pense que cela s’entend très bien sur Sary Oy. On ne voulait pas traiter de n’importe quel folklore dans notre musique. Alors j’ai écrit des paroles traitant de l’ancienne culture du Kirghizstan en y ajoutant parfois des thèmes plus généraux liés au paganisme. Quant aux instruments typiques de notre région, ils donnent à mon sens une atmosphère assez spéciale à l’album, exactement celle que l’on voulait que ressente les auditeurs. 
A : Pour l’enregistrement des parties folks de cet album, certains pourraient croire que l’on a invité des musiciens de session, alors que c’est Oldhan qui les a réalisées ! Durant un an il a étudié ces différents instruments kirghiz que sont : le « Komuz » (Petit luth à manche long), le « Temir-Komuz », le « Kyl-Kyjak » et le « Sygyt ». Tous ces instruments sont quasi inconnus du monde occidental, mais ils font partie intégrante de la musique de DARKESTRAH !

CHAMANISME ?
K : C’est sans doute la plus vieille forme de spiritualité sur terre. Le Chamanisme est arrivé au Kirghizstan avec les premiers envahisseurs venus de Sibérie. Une des principales caractéristiques du Chamanisme est la croyance en une sorte d’esprit, un esprit que l’on retrouverait dans touts les êtres vivants : les êtres humains, les animaux, les arbres et même les montagnes. Normalement, aucun humain ne peut entrer en contact avec le monde des esprits… sauf le chamane. Les rituels, ainsi que les us et coutumes liés à cette spiritualité sont encore visibles au Kirghizstan aujourd’hui. Bien que les temps aient changé et que d’autres religions sont venues jusqu’ici, le chamanisme est encore bien présent. Ne va quand même pas penser que tous les kirghiz vivent quasi nus avec une plume dans les cheveux hehe ! Aujourd’hui, le pays est aussi moderne que les autres mais le chamanisme représente les bases de notre culture et la musique de DARKESTRAH peut s’interpréter comme un retour à ces origines.

LE MONDE MODERNE ?
La modernité me satisfait amplement. C’est assez intéressant ma fois. C’est une chance énorme que possède l’humanité… et c’est génial ! Par exemple, je peux t’envoyer cette interview par mail… Des grandes découvertes sont quasi à la portée de l’humanité. Il suffirait de fournir juste un petit effort pour que nous puissions rejoindre les galaxies en quelques heures. C’est dommage qu’on ne connaîtra probablement jamais ça. (par Thyl - Noz Pagan)

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